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Monday, February 16, 2009

February 16, 2009 - L'Orient le Jour - Sader's Fate Still Unknown

Le sort de Joseph Sader, enlevé jeudi sur la route de l’aéroport, toujours inconnu
Par Patricia KHODER

À Maghdouché, ils attendent le retour de leur parent et ami, Joseph Sader.

Joseph Sader, ingénieur à la Middle East Airlines, âgé de 55 ans, n'est plus rentré chez lui à Maghdouché depuis jeudi matin. Il a été enlevé sur la route de l'aéroport alors qu'il se rendait à son travail.
Hier à Maghdouché, la famille de Joseph Sader, notamment son épouse, son frère, sa mère et son père, recevaient les parents, amis et collègues venus les soutenir. C'est son frère Antoine, également ingénieur de la MEA, qui raconte l'histoire : « Comme tous les matins, Joseph, l'un des responsables du département informatique de l'entreprise, est sorti de chez lui pour aller au travail. Il a l'habitude quand il fait beau de garer sa voiture à Saïda et de prendre ensuite le bus jusqu'au pont de l'aéroport. C'est là qu'il descend, fait quelques centaines de mètres à pied, pour arriver à son bureau de la MEA. »
Mais jeudi, Joseph n'est pas arrivé au bureau. Il a été enlevé en plein jour à Beyrouth, non loin de la banlieue sud. « Il n'est pas venu au travail, mais sa voiture était bel et bien stationnée à Saïda. Nous avons fait le tour des hôpitaux de la localité, ensuite nous avons cherché dans les hôpitaux de Beyrouth. Nous avons cru qu'il a eu un accident. Nous avons alerté la police. Je parlais devant une personne de la disparition de mon frère, elle m'a raconté qu'un de ses collègues - également employé d'une filiale de la MEA (MIG) répondant au nom de Haytham - lui a raconté une histoire étrange : il a été témoin d'un enlèvement », affirme Antoine.
Il ajoute : « Vers 8 heures jeudi dernier, Haytham, qui vient également en bus à l'Aéroport de Beyrouth, a vu, à une vingtaine de mètres de lui, deux hommes descendre d'une camionnette puis obliger un piéton à monter avec eux. L'homme s'est débattu, mais ils ont réussi à l'immobiliser. Haytham n'est pas intervenu pour aider l'homme agressé. Il a poursuivi son chemin à pied. Il a vu ensuite, stationnée sur la chaussée, une voiture des FSI. Pendant qu'il livrait son témoignage à l'agent, la camionnette est passée devant eux. Elle était conduite par un homme, alors que deux autres avaient placé leur victime sur le sol du véhicule et l'avaient immobilisé. L'agent des FSI a suivi la camionnette jusqu'à la mosquée al-Rassoul al-Aazam, puis a rebroussé chemin. Il n'a pas informé la gendarmerie de l'enlèvement et a regagné son poste à proximité du pont de l'aéroport. Haytham, qui poursuivait son chemin, a vu le policier revenir rapidement. Ce dernier lui a expliqué que "la camionnette allait trop vite", et qu'il n'avait pas pu la suivre après la mosquée. »
Antoine décide alors de montrer la photo de son frère à Haytham : « Je suis allé au bureau du personnel de la MEA, muni d'une photo passeport de Joseph, je l'ai agrandie et Haytham l'a reconnu. »
Alertés par l'enlèvement, les gendarmes « ont entamé leur enquête, ils ont interrogé le policier et l'ont relâché », ajoute Antoine.
Salma, épouse la victime, prend ensuite la parole : « Mon mari n'appartient à aucun mouvement politique. Tous les jours, il quitte la maison à 6h30, rentre à 17h45. C'est un homme sans histoire », ajoute-t-elle, dénonçant des rumeurs diffusées sur des sites Internet.
« Les services de sécurité sont en train d'enquêter. Depuis jeudi, nous ne disposons d'aucune information. Ils nous disent d'espérer. Il faut que je tienne le coup pour les enfants. Tina, la plus jeune, ne sait pas que son père a été enlevé. Je lui ai dit qu'il ne rentrera pas à la maison parce que des collègues à lui ont été enlevés et qu'il doit rester au travail jusqu'à ce qu'ils soient libérés. Vendredi, je ne l'ai pas envoyée à l'école pour que ses camarades ne lui posent pas de questions », ajoute Salma.
Selon sa famille, Joseph n'a pas accès à des informations sensibles au sein de la MEA. Il est chargé d'émettre, à la demande de la comptabilité, les fiches de paie des employés. Il n'occupe pas un poste où il pourrait être tenté par les pots-de-vin ou la corruption. Joseph est père de trois enfants, Sophia, 22 ans, diététicienne, Ralph, 18 ans, et Tina, 8 ans.
Sa famille, qui a fait avec le député de Zahrani Michel Moussa, les prélats et les notables de la région, le tour des responsables, rendant visite notamment au chef de l'État, Michel Sleiman, et au président de la Chambre, Nabih Berry, ne veut accuser personne de l'enlèvement.
Le président de la République, qui suit le dossier de près, a dénoncé le rapt qui va « à l'encontre des droits de l'homme », soulignant qu'il espère localiser le lieu de détention de Joseph, le libérer et sanctionner les responsables.
Apprécié de tous ses proches, Joseph Sader est un homme actif. Il est président du syndicat des agriculteurs spécialisés dans la culture des fleurs d'oranger. Maronite, originaire de Darb el-Sim, mais vivant à Maghdouché, le plus important village grec-catholique de l'est de Saïda, il a été choisi comme l'un des gestionnaires du waqf de l'église du village.
Joseph est décrit par sa famille, ses collègues et ses voisins comme « un homme exemplaire, honnête, serviable, discret ».
Joint au téléphone par L'Orient-Le Jour, le député de Zahrani Michel Moussa l'a décrit comme « un homme sans problèmes ».
Le ministre de l'Intérieur, Ziyad Baroud, a de son côté affirmé à L'Orient-Le Jour que les autorités concernées « travaillent depuis quelques jours sur l'affaire » et que « plusieurs pistes sont explorées ». Interrogé au sujet du gendarme qui a n'a pas suivi la camionnette, M. Baroud a souligné que « ces informations ne sont pas très précises » et qu'une « enquête est actuellement en cours ».
Notre chroniqueuse judiciaire Claudette Sarkis a rapporté, citant des sources judiciaires, que l'ordinateur de Joseph Sader a été inspecté et qu'il ne présente aucune information menant à d'éventuelles pistes. Ces mêmes sources ont souligné que Joseph est très apprécié par ses collègues et amis et qu'il est dépeint comme un homme exemplaire. Elles précisent également que l'affaire ne peut pas être d'ordre financier.
Hier, un sit-in a été organisé sur le parvis de l'église Notre-Dame de Manaytra. Il a rassemblé des habitants de Maghdouché et des villages voisins ainsi que des prélats et des notables de la région.
Des branches de laurier et des rubans blancs en signe de paix ont été distribués. Toutes les personnes présentes espèrent que Joseph retournera sain et sauf dans sa famille. Une messe à son intention a suivi le rassemblement. La veille, une procession aux flambeaux avait été organisée par les habitants du village.

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